Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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le droit de déporter les prêtres par simple arrêté et de supprimer sommairement tous les journaux qu’il jugerait dangereux.

A ces illégalités flagrantes s’ajoutaient les rigueurs contre les personnes. Les membres les plus éminents de l’opposition, dénoncés cornme royalistes par les proclamations des trois directeurs conventionnels, étaient condamnés sans jugement à la déportation, c’est-à-dire à la mort, sous le ciel de la Guyane : c'était ce que le Directoire appelait épurerles Conseils. Deux directeurs, Carnot et Barthélemy, quarante-deux députés des Cinq-Cents et onze des Anciens, les propriétaires, éditeurs et ré lacteurs de quarante-deux journaux, étaient inscrits sur la liste de déportation. On remarquait parmi eux Pastoret, Siméon, Vaublanc, Camille Jordan, Barbé-Marbois, Tronçon-Ducoudray, Boissy d'Anglas, Henri Larivière, Quatremère de Quiney, le duc de Noailles et l’amiral Villaret de Joyeuse.

Portalis partageait cette honorable proscription : il devait être déporté à Ouessant; mais l’amitié, qu’il avait le don d’inspirer à tous ceux qui l’approchaient, le sauva comme en 1793. Un de ses anciens compagnons de captivité, M. Étienne Delessert, le cacha dans sa maison; son amie dévouée, Mme de La Borde, prépara son départ, et le Ministre de Danemark, M. de Dreyer, lui donna un passe-port qui lui permit de sortir de France, sans être inquiété.

Il entrait en exil. Sous le coup de la Terreur, il avait refusé d’émigrer, et le Directoire l’expulsait de France, pour le seul crime d’avoir parlé librement. Il emportait