Portalis : sa vie, et ses oeuvres

PORTALIS EN EXIL a

il se rendit à Zürich, où la beauté de la nature, la simplicité des mœurs, la sécurité dont il jouissait et les charmes d’une société savante et polie le retinrent pendant plusieurs mois. Il sy lia d'amitié avec David de Wyss, avec Lavater, et surtout avec l’ancien secrétaire de Grimm, Jacques Meister, qui linitia aux beautés de la littérature allemande. Malheureusement, il y avait fort peu de Français à Zürich et Portalis s’y sentait doublement exilé. Aussi, quand il apprit qu'un de ses meilleurs amis, Suard, proserit comme lui, s'était fixé à Berne, résolut-il d’aller y rejoindre; mais, au moment où il achevait ses préparatifs de départ, la révolution éclata en Suisse, les armées françaises envahirent le territoire helvétique, et Portalis se réfugia en Brisgau, près de Fribourg. Il y passa l'hiver de 1798 dans une complète solitude, à peine interrompue par de rares excursions à Fribourg, où il rencontrait Delille, Mallet du Pan et Jacobi. Il se proposait de partir pour Venise au printemps, lorsqu'il recut de son ancien collègue et ami, Mathieu Dumas, une lettre qui l’appelait en Holstein. Plusieurs des victimes du 18 fructidor y avaient trouvé une hospitalité aussi sûre que généreuse, au château d'Emckendorff, chez le comte Frédéric de Reventlau, ancien ambassadeur de Danemark à Berlin et à Londres. Le comte de Reventlau joignait ses instances à celles de Mathieu Dumes et réclamait l'honneur de recevoir le courageux défenseur des parents d’émigrés, des prêtres réfractaires et des naufragés de Calais. Portalis ne pouvait refuser un asile si gracieusement offert. Il quitta donc