Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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les hôtes assidus ; Klopstock venait parfois y lire une pièce inédite; on y voyait tour à tour et quelquefois ensemble + le comte Christian de Stolberg et son frère » le comte Frédéric Léopold, deux hommes que PAI» lemagne se glorifiera à jamais d’avoir produits, et » dont le dernier a honoré l'humanité par la sublimité » de son caractère, et ce philosophe Jacobi, aimable »comme un Français homme du monde, profond » comme un penseur allemand, et qui savait si bien » allier la philosophie et le sentiment. Les Henssler, » les Hegewisch, les Pfaff, les Schlosser, les Kleuker » y apportaient le tribut de leurs connaissances et de » leur érudition!. »

Mais ce qui embellissait par-dessus tout le séjour d'Emckendorff, c’était le cœur affectueux du comte de Reventlau, et la grâce, l'esprit, la bonté incomparables de la comtesse Julie. Tous ceux qui ont approché cette femme charmante en ont fait un touchant éloge. Atteinte depuis douze années d’une maladie de consomption, elle supportait de véritables tortures sans que la douceur et l'égalité de son caractère en fussent altérées. De son lit de douleurs, où elle étouffait les convulsions dans un sourire, elle était l’âme de la société distinguée qui l’entourait. Les souvenirs de ses longs voyages en \ Angleterre, en Allemagne, en ftalie, la finesse exquise de son goût, sa science aussi étendue que modeste, sa vive sensibilité, sa piété profonde et tendre répandaient sur sa conversation un charme irrésistible. Sa charité

1. Notice de M. le comte Portalis, page 24.