Portalis : sa vie, et ses oeuvres

EX EXIL 417

visites, et La Fayette ÿ vint une fois de Hambourg *: La comtesse Julie se plaisait à exciter, chez ses hôtes, cét esprit de discussion et de controverse, tonjours si vif chez des Français. Tantôt elle proposait une thèse philosophique que Portalis et Mathieu Dumas développaient en sens contraire; tantôt elle organisait un spectacle, un divertissement; tantôt elle ménageaït à ses amis de longues promenades sur les bords de la Baltique; le plus souvent, dans la soirée, elle s’abandonnait avec eux à l’imprévu d’une conversation affectueuse, animée, spirituelle, grave parfois, et les heures ainsi remplies étaient les meilleures.

Au sein de cette société pleine de charmes, comblé des marques d’attachement deses amis, Portalis aurait trouvé le calme à Emckendorff, sil n'avait été séparé, par l’exil, de sa femme et du reste de sa famille. « Je ne » Serais pas faché, disait-il plus tard, d’avoir connu le » malheur, s’il eût coûté moins de larmes à ceux que » j'aime ?. » Mais cette pensée empoisonnait son existence, et, malgré les soins touchants de l’amitié, peutêtre eût-il succombé au découragement, s’il n’avait eu pour consolations suprêmes la pureté de sa conscience

1..« La conversation roula, comme on peut je croire, sur les » principaux événements de la Révolution française. Un des inter» locuteurs du général lui lémoignant quelque étonnement sur son » lättieux sommeil dans la nuit du 5 au 6 octobre : « J'étais sans » défiance, répondit le candide ami de Washington, le peuple » m'avait promis de rester tranquille. » Celle anecdote caractéris» tique m'a été racontée par M. le comte Portalis. » (Notice de M. Lallemen!, page 52.)

2 Notice anonyme de 1807, page 87.