Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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et l'espoir d’une réparation. Il aimait à se rendre, avec un légitime orgueil, le témoignage qu’il n’avait jamais été mélé aux manœuvres des partis, et il en appelait sans crainte de la décision arbitraire qui Pavait exilé au jugement de l’opinion publique. Ce sentiment de confiance et de noble fierté se manifeste constamment dans sa correspondance avec Mr Portalis.

Dès son arrivée à Zürich, il lui adressait ces simples et belles paroles : 5

« …. La Providence nous a conduits jusqu'ici. Elle

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» ne nous abandonnera pas. Elle protége les vertus » domestiques. Il faut seulement donner quelque chose » au temps... Nos ennemis mêmes sentiront peut-être » un jour que j'étais capable de faire quelque bien et » incapable de leur faire aucun mal, que je n’ai jamais » intrigué, et que, content de vivre dans une famille que j'aime plus que moi-même, je ne désire qu'une » grâce, celle de n’en être pas privé longtemps L,»

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Peu de jours après, à la nouvelle de l'arrêté du Directoire qui-prononçait la confiscation des biens des déportés contumaces, il écrit à M"° Portalis :

« …. Jene haïrai pour cela ni les hommes, ni ma » patrie ; mais que deviendras-tu? que deviendront

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mes enfants? Mon cœur me dit que je te dois et que

je leur dois le sacrifice de ma vie pour prévenir leur ruine et la tienne... Qu'est-ce que ma sûreté auprès » des devoirs, sichers à mon cœur, que ces deux titres

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» m'imposent?

4. Correspondance inédite; lettre à Mme Portalis, du 20 octobre 1797. °