Portalis : sa vie, et ses oeuvres

EN EXIL 119 , Ne va pas l'afiliger de ce que je t’écris. Je ne suis » qu ’attendri de ce que je sens, et je serais bien tran—

quille, si, par mes sacrifices, je pouvais vous éparoner d’être malheureux. Il est une consolation qu’on

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, ne m’enlèvera jamais et qui me dédommage de tout,

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celle d’avoir vécu sans reproche, et de mourir, » S'il le faut, sans passion et sans haine contre qui que » ce soit !, »

Le sacrifice de sa vie qu'il offrait avec une si noble simplicité fut, comme il devait l’être, énergiquement refusé par sa famille. Portalis comprit bientôt que les circonstances ne commandaient pas une résolution aussi désespérée et ilse reprit à attendre encore du temps et du bon sens du peuple le rétablissement de la concorde et le triomphe de la justice. Le suffrage des étrangers lui semblait un sûr garant de celui de ses concitoyens :

« Depuis mes voyages, écrivait-il à sa femme?, » j'éprouve que la réputation d’homme probe et simple

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est plus profitable que celle même du talent. Mes concitoyens me rendront peut-être justice. Je n'ai

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jamais eu de passion irascible, et la bienveillance » que je rencontre partout me dispose toujours plus à » l'amour des hommes. Il en est beaucoup qui hono» rent l'humanité.

» J'espère qu’un jour la république et les gouver» nants reconnaîtront les véritables amis de la liberté

1. Correspondance inédite; lettre à Mme Portalis, du 3 novembre 1797. 2. Correspondance inédite; lettre à Mme Portalis, du 7 mars 1798.