Portalis : sa vie, et ses oeuvres

120 PORTALIS » et de la patrie et ne les confondront plus avec les fac» tieux et les intrigants. »

Non-seulement il pressentait le rétablissement de l’ordre; mais il prévoyait à qui la France le devrait : « Bonaparte, disait-il, ajouterait une grande gloire à » celle qu'il a déjà, si, après avoir vaincu et pacifié l’Europe, il pouvait éteindre les partis qui désolent la France et faire qu’il n'y eût plus qu'une âme entre

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tous les citoyens, comme il n’y a qu'une patrie!. » C'était, en quelques lignes, tout le programme du Consulat. Ami de la paix avant tout, Portalis demeurait fidèle à ses principes : du sein de l’exil comme à la tribune du Conseil des Anciens, il faisait appel à la modération, à la concorde, et il attendait de leur victoire, non du triomphe d’une faction politique, la fin de sa proscription imméritée.

Le parti royaliste chercha vainement à l’entraîner dans ses rangs. Depuis qu’il l’avait rencontré à Fribourg, Mallet du Pan avait conservé avec Portalis les plus amicales relations, et, de Londres où il s’était réfugié, il l’entretenait fréquemment des espérances des royalistes. Portalis se bornaït à répondre par la description du pays qu'il habitait ou par quelques mots vagues sur l’état de la France. Un jour, il racontait à Mallet du Pan les démêlés de Fichte avec Kant, l’engouement du public allemand pour ces controverses nébuleuses, souvent mal comprises, et il disait finement : « On parlait jadis de la foi du charbonnier; je

1. Correspondance inédite, lettre à Mme Portalis, du 45 décembre 1797: