Portalis : sa vie, et ses oeuvres

EN BXIL 127 probable le retour des Bourbons, qui, seuls, en l’absence de Bonaparte, paraissaient appelés à recueillir. l'héritage du Directoire; mais, bien que proscrit par la République, il garde une réserve pleine de dignité. Il évite de se prononcer d’une manière formelle en faveur des Bourbons, il ne fait pas acte d’adhésion explicite à leur cause; il ne brigue aucune faveur; il réprouve, au contraire, l’émigration ; il a soin de rappeler qu'il n’a jamais été le champion du royalisme et de déclarer qu'il n'appartient à aucun parti.

Ge fut la seule excursion de Portalis surle terrain de la politique, durant son exil. D’autres soins, plus doux, l'occupaient : il achevait l'éducation de son fils, et, en même temps qu'il l’instruisait, il se livrait avec ardeur à l'étude. Il savait qu’elle fut toujours la meilleure consolatrice de Ceux que frappe l'injustice ou le malheur, et il lui donnait tout le temps que lui laissaient ses devoirs de famille et l'amitié. Il continuait, d’ailleurs, ainsi à servir la France, que ses revers mêmes lui rendaient plus chère. Plein de foi dans la vérité des principes qu’il avait soutenus au Conseil des Anciens, et convaincu que de leur triomphe dépendait le salut de l’Europe, il eût considéré le silence comme une défection. Il voulut donc se créer, dans un livre, une nouvelle tribune, -d’où il pût, bien que de loin, eniretenir ses concitoyens. des destinées de la commune patrie. Son patriotisme dédaignait la guerre de pamphlets à laquelle se livraient les partisans de l’ancien régime : sa vue pôrfait plus loin, son esprit allait plus haut. Au lieu de critiquer les actes d’un gouvernement,