Portalis : sa vie, et ses oeuvres

EN EXIL .. 129 préjugés détruits, les convictions affaiblies ; les esprits éclairés et en même temps les mœurs corrompues, la liberté proclamée hautement par des voix éloquentes et les principes constitutifs des États niés par des sophistes de génie. De narrateur, il devient alors combattant : en face de l’encyclopédie de Diderot, matérialiste de parti pris et copiste de la philosophie anglaise, il entreprend, pour ainsi dire, une autre encyclopédie, acceptant de bonne foi ce qu’il y a de vrai dans la théorie sensualiste, mais plaçant à côté et au-dessus des impressions matérielles la libre action: de l'intelligence, les révélations de la conscience, et annonçant de loin les sages conclusions de l’éclectisme spiritualiste. Les sciences physiques, la métaphysique, la théodicée, l'esthétique, l’histoire, la morale, l’économie politique, le droït pénal et la politique sont tour à tour l’objet de sa critique ; il s’attache surtout à l'étude de ces trois sciences maîtresses qui embrassent l’homme moral tout entier : la philosophie, lumière et loi de l'intelligence; la religion, règle des mœurs et aliment des âmes; la politique enfin, base des constitutions et fondement des États. 1

En philosophie, Portalis est, comme Descartes, disciple de lexpérience : à elle seule et au bon sens, il reconnaît le pouvoir de découvrir des vérités fécondes, de fonder un système durable. Avec Reïd, il combat les doctrines qui, renversant l’ordre établi par la nature, font dériver la réalité de labstraction, l’analyse de la synthèse et n’admettent l'observation que comme preuve d’un système préconçu. Ennemi des opinions

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