Portalis : sa vie, et ses oeuvres

EN EXIL ‘ 135 Si Voltaire écrit ces mots : « Je pense et je suis corps, » je n’en sais pas davantage »; Portalis se borne à mettre en relief la contradiction qu’ils renferment, et, sans s’aventurer sur le terrain dangereux de la définition des substances, il démontre, par la dissemblance des attributs de la matière et de la pensée, l’impossibilité radicale de spiritualiser la matière dispersée de toutes parts, divisible à l'infini, composée de parties, douée de forme et d’étendue, ou de matérialiser la pensée, indivisible, absolument une, ayant des degrés et non des parties, de l'intensité et non de l'étendue, des caractères et non des formes. Enfin, lorsque le matérialisme, poussé par la logique jusque dans ses derniers retranchements, nie l’immortalité de l’âme en admettant sa spiritualité, Portalis lui demande compte de cette distinction arbitraire et lui oppose le double fait de la liberté et de la volonté, « ces deux grands attributs du moi humain. » Il dépeint l’homme conservant, malgré la décadence de ses forces physiques et à travers les défaillances de la raison, ces deux qualités souveraines aussi longtemps que la vie ellemême; ille montre, en un style qui rappelle de loin certaines pensées de Pascal, admirable dans sa misère; roi jusque dans son impuissance, ayant conscience de sa supériorité morale, sentant « qu’il est toujours lui» même sous sa propre dépendance, qu'il peut victo» rieusement lutter contre les obstacles et opposer sa » conscience à l'univers !. » Il cite les exemples de

À. Portälis, loco citato, tome Ie", chapiire 1x, page 168.