Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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l’histoire, il atteste ces sublimes opprimés qui se relèvent du fond de l’infortune par le seul ascendant de . la force morale; il prend à témoin l’art lui-même dans ses aspirations vers l’infinie beauté, il décrit le merveilleux penchant de l’homme, être imparfait et périssable, vers l’idéal et l'éternel, et il accable, en terminant, le matérialisme par cette saisissante peinture de

nos découvertes et de nos travaux :

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« Sous la main du sculpteur le marbre respire; le peintre vivifie la toile ; par l’habileté d’un savant architecte, un bel édifice nous offre une belle idée; sous la plume d’un observateur philosophe, la nature entière n’est plus qu’une vaste et grande conception : sans cesse nous transportons hors de nous la conscience du moi, pour l’appliquer à tout ce qui nous environne. Nous personnifions tout... Nous débrouillons le chaos. Nous composons et nous décomposons nos idées pour les recomposer encore. À l’image de Dieu, nous disons que la lumière se fasse, et la lumière se fait. À notre voix, le néant même prend un nom, et vient, pour ainsi dire, se placer à côté de l’être..... Nos sentiments, nos pensées et nos volontés pénètrent, changent et ébranlent le monde. Le mouvement n’est que repos, tout est passif auprès de notre activité. La lumière des corps n’est qu’une ombre à côté du rayon céleste qui perce, analyse et modifie la lumière même. Enfin l’âme humaine est une espèce d'Olympe d’où partent, à chaque instant, ces conceptions brillantes, ces élans sublimes, ces volontés fortes, ces feux qui sillonnent le ciel,