Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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l'origine. Comme Cicéron le disait il y a deux mille ans et comme l'ont répété, après lui, tant de grands esprits, l’homme porte écrite au fond du cœur, avec l'instinct du devoir, la loi innée du bien et du mal. Cette loi est la règle de nos actions, de même que la conscience en est le témoin et Dieu le juge. Nous savons qu’elle n’est pas notre ouvrage, car nous l’invo= quons comme la justification suprême de nos actes; nous en subissons, souvent en frémissant, la souveraine autorité; nous nous soumettons à ses reproches et nous courbons là tête sous ses arrêts. L’immutabilité de cette loi, que l'humanité entière proclame céleste, ne prouvet-elle pas l’existence d’un législateur éternel et supérieur à l’homme?

Ainsi, la doctrine de Portalis s’enchaîre et se lie fortement : il n’y a point de société sans lois, point de lois sans une règle morale pour base, et point de mo-

1. « Un être intelligent, perfectible, libre et intérieur, comme l’homme, serait, à ses propres yeux, un êlre aussi malheureux qu’absurde, s'il n’entrevoyait pas un but satisfaisant à ses recherches ei à sa perfectibilité, s’il ne pressentail ses rapporis avec une intelligence supérieure à la sienne, avec l’auteur de tout ce qui est. Un législateur suprême est donc aussi nécessaire à la morale, qu’un premier moteur l’est au monde physique. S'il n’y a point de loi qui ne dépende pas de nous, il n'y a point de morale proprement dite. Dès lors, les * actions ne Sont pas seulement libres, maïs arbitraires. S'il y a une loi que nous n’ayons pas faite, il y a donc un législateur qui n’est pas nous. L’existence d’une loi éternelle qui n’est pas nolre ouvrage et celle d’un législateur-Dieu sont donc insépa» rables, dans lout homme, de la conscience qu’il a de soi, c'esi-à» dire d’un être intelligent et libre, qui ne peut agir sans motif et » qui ne doit point agir sans règle. » (Portalis, De l'usage et de l'abus de l'esprit philosophique, tome IL, chapitre xxn, page 83.)

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