Portalis : sa vie, et ses oeuvres

140 PORTALIS

rale véritable sans une autre vie pour sanction suprême. La morale, dépendante de Dieu et inséparable de l’immortalité de l’âme, est donc la seule et indestructible base des sociétés. Elle préside aussi aux relations des peuples entre eux. Avec la philosophie pour flambeau et le christianisme pour apôtre, elle a peu à peu propagé ces grands axiomes de droit public et de droit international qui forment aujourd’hui le code moral des nations civilisées, mais qui paraissaient encore nouveaux et contestables, lorsque Portalis les résumait dans cette belle page :

« Le genre humain ne compose proprement qu’une seule famille; mais cette immense famille ne pouvait vivre réunie sous le même régime; elle s’est séparée

ÿ

ÿ

» en différents corps de peuples : de là vient cette multitude de nations répandues sur la surface du globe.

» Les nations sont, par rapport à la société universelle des hommes, ce que les individus sont par rap-

Ÿ

ÿ

ÿY

ÿ

port à la société particulière ; elles ont entre elles des

Y

droits à exercer et des devoirs à remplir : elles doivent toutes contribuer au bonheur de l’espèce.….. La morale des nations est dans la même loi naturelle

Ÿ

ÿ

ÿ

qui régit la conduite du moindre particulier... Le philosophe a dit, avec le vieillard de Térence: Je suis

ÿY

Y

homme, et rien de ce qui est humain ne m'est étran» ger. Par ce trait de lumière, il a fait entrevoir les » liens de confraternité originelle, fondée sur l’identité » des besoins, des peines, des plaisirs, et de tous les » rapports essentiels des hommes entre eux sous toutes