Portalis : sa vie, et ses oeuvres

EN EKIL 143

qu’un effet sans cause ou un être créateur réunissant tous les attributs de la divinité. Il insiste sur le problème de la création dont la solution mène si directement à la foi en Dieu. La cause première, que l’athée reconnait comme le spiritualiste, mais qu'il veut tirer de la nature même, tandis que le spiritualiste la place en dehors et au-dessus de la nature, ne saurait être, dit Portalis, une force aveugle. L'ordre qui règne dans tout l'univers, l'intelligence qui veille manifestement à sa conservation nous révèlent l'existence d’une force réglée, d’une loi. Cette loi serait-elle purement physique ? Ici encore, le bon sens et l’expérience répondent négativement. Comment, en effet, assigner une cause exclusivement matérielle aux phénomènes supra-sensibles qui s’accomplissent dans la région des idées? comment admettre que la même force physique dirige la matière dans ses transformations fatales et l’intelligence dans le libre exercice de ses facultés? L'effet doit avoir quelque analogie avec la cause, et la conséquence avec le principe. Pour régir l'intelligence, il faut donc une loi immatérielle ; pour la maintenir et la vivifier, il faut une loi vivante et créatrice. Immatérielle, créatrice, vivante, cette loi constitue évidemment un être; cet être est Dieu.

Ici apparaît le théisme. Doctrine équivoque et dangereuse, athéisme inconscient ou déguisé, s'il admet l’existence de Dieu, il cherche à relächer les liens qui unissent Dieu à l’homme et le font vivre au fond des âmes. Selon le théisme, Dieu n’est plus cet être vivant et tout-puissant qui dicte à l’homme la loi morale et