Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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comprendrait le caractère sacré d’aspirations commünes à tous les hommes, instinétives pour ainsi dire, et qui oserait affirmer, même parmi les plus déterminés sophistes, que le théisme seul a raison contre l’humanité qui confesse, adore et prie le Dieu tout-puissant et vivant?

Ce Dieu que tout révèle à l’homme, ce Dieu qu’il deviné mais qu’il ne comprend pas, qu’il sent mais qu'il ne voit pas, ce Dieu vers lequel il aspire, mais qu'il ne peut atteindre sur la terre, quelle est sa nature? Nous connaissons ses attributs par la profondeur de os misères et par la grandeur de nos conceptions. Êtres finis, faibles et mortels, nous avons l’idée, le dé+ sir, la soif inextinguible de l’immensité, de l’éternité, de la toute-puissance, de la justice et de la vérité, de l'amour et de la pureté, ces deux flammes qui s’alimétitent et se vivifient l’une l’autre. Cest là notre supplice de chaque jour, de chaque heure, et en même temps notre consolation suprême. Dieu seul nous la donne, nous la trouvons en lui seul : il est donc tout ce que nous ne sommes pas, c’est-à-dire infini, éternel; tout-puissant; il est toute science, toute vérité, toute justice, toute pureté, il est enfin tout amour. Toutepuissance et miséricorde, justice et amour, voilà Dieu lui-même. Dieu est amour à un degré que nos cœurs mortels soupçonnent, mais ne conçoivent pas; Dieu est amour, et c’est là le plus nécessaire, le plus grand et, s’il est permis de parler aïnsi, le plus divin de ses attributs. Il est la toute-puissance, et sa toute-puissance a Pamour pour coopérateur et pour but; il est la vérité,