Portalis : sa vie, et ses oeuvres

EN EXIL 154, et c'est grâce à son amour qué la vérité brille sur Funivers; il est la justice, et sa justice est tempérée par la miséricorde, c’est-à-dire encore par l’amour.

C’est à ce signe divin de Pamour que Portalis re= connaît la vérité du christianisme !. Il ne se préoccupe pas du reproche de fanatisme que l’on peut adresser à certains siècles chrétiens : il reconnaît, dans les actes d’intolérance qu’il est le premier à blämer, le résultat des passions humaines, non la conséquence d’une doc‘rine religieuse, et il rappelle que le même blâme pourrait être adressé à tous les partis politiques, à toutes les écoles de philosophie. Il ne partage pas non plus l'erreur de ces controversistes superficiels qui demandent à un fait surnaturel tel que miracle, à un état mystérieux tel que l'extase, la preuve du surnaturel et du mystère : il donne à sa foi une base rationnelle, il ne veut, pour établir la divinité du Christ, d'autre preuve que l'Évangile lui-même, dont il résume la doctrine dans un chapitre spécial, le plus remarquable peut-être de son ouvrage.

À ceux qui reprochent au christianisme d’être fondé sur l’abdication de la raison, il oppose les nombreux

1. Nous sortons ici du terrain philosophique pur. Avons-nous besoin de nous excuser de celle rapide incursion dans le domaine de la théologie? Nous ne faisons que suivre notre guide, Portalis; nous n’aurions pu,sans mutiler son œuvre, passer sous silence cette partie de son livre, qui en est comme le couronnement et qui mérite de fixer l'attention par l'importance capitale du sujet aussi bien que par le talent avec lequel il a été iraité. Nous avons tenu enfin à rappeler brièvement ce qu'est la doctrine morale de l'Évangile, dans un moment où on l'accuse d'imperfection et où l'on se flalte de lui substituer une morale moderne supérieure.