Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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passages des Écritures où le Christ et ses apôtres réclament, avant toute chose, l'attention scrupuleuse et l'adhésion réfléchie de leurs auditeurs; il cite saint Jean plaçant presque l'Évangile sous l’invocation de cette lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde ; il cite Jésus-Christ ordonnant à ses disciples de ne pas ie croire, si ses paroles ne leur paraissent pas dignes du Dieu qui l’a envoyé au monde.

Le christianisme n’établit donc pas, comme on l’a prétendu, le despotisme de la foi sur la raison; il n’est pas davantage l’auxiliaire du despotisme politique. Cette erreur, accréditée avec une persévérance égale, quoique dans des buts différents, par les défenseurs du pouvoir absolu et par les adversaires du christianisme, tombe devant les préceptes de l'Évangile et devant l’histoire de sa propagation. Peu de jours avant sa Passion, dans les derniers instants que Jésus-Christ passe au milieu de ses disciples, il leur adresse ces divines paroles, loi des sociétés modernes et germe de toute liberté : « Les rois des nations dominent sur » elles; qu’il n’en soit pas ainsi parmi vous, mais que » le plus grand d’entre vous soit votre serviteur. » Tel est l’admirable principe que le fondateur de cette religion accusée de despotisme pose simplement, en face des Césars, de leurs légions et de leurs faisceaux. Ses disciples l’entendent, le comprennent, et leurs premiers actes sont la réalisation du divin précepte. A leur voix, le riche se fait, par la charité, le serviteur du pauvre; la femme, relevée de son antique abaissement, reprend, à côté de l’homme, sa place de compagne et d’égale;