Portalis : sa vie, et ses oeuvres

EN EXIL 153 les chaînes de l’esclave tombent et l’Église impose aux souverains le devoir rigoureux detravailler au bonheur de leurs sujets.

Loin de comprimer l’essor de la raison et l’indépendance de l’homme, la foi chrétienne est donc l’auxiliaire le plus énergique et le plus solide fondement de la liberté. Elle la fait reposer sur le respect absolu de la justice, sur le culte désintéressé du bien, et, plus elle affirme notre droit à la liberté, plus elle place haut le but moral proposé à l’homme. « Aimer Dieu par» dessus toutes choses et le prochain comme soi-même : » cette loi sublime qui résume le christianisme en prouve la divinité; car l’esprit humain n’a rien produit qui porte, àce point, le caractère de la perfection, il n’a jamais conçu d’idéal aussi élevé. Si la vraie religion est, comme le dit Portalis et comme l’affirment avec lui tous les philosophes, celle qui prescrit la plus pure morale, assurément, à ce titre, le christianisme est seul digne de notre foi.

Il l’est encore par l’incomparable beauté de la notion qu'il nous donne de la divinité. L'Évangile est, de tous les livres sacrés, celui qui élève Dieu le plus haut audessus de la terre, et qui respecte le mieux le caractère exclusivement spirituel et moral de l'Étre créateur et vivificateur. Dans la bouche de Jésus-Christ, Dieu n’a plus rien d’humain ; aussi supérieur au Jupiter antique que l’âme l’est au corps, il reste absolument inaccessible au souffle des passions terrestres. Partout présent, immuable et souverain, un et multiple dans Péternité de sa toute-puissance, loi vivante de justice, de miséri-