Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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pas la Samaritaine et ne tient pas pour sacrilége la prière adressée à Dieu loin du temple de Salomon : *« Femme, dit-il, le temps est venu où vous n’ado» rerez plus sur cette montagne ni sur la montagne de » Sion; mais où tout homme adorera Dieu en esprit » et en vérité. » Au-dessus de lorgueilleux rigorisme du pharisien, il place l’humble prière du publicain ; au-dessus de l’égoïsme du lévite, la tendre cha rité du Samaritain.

Loin d'établir la domination sacerdotale ni d’autoriser l’intolérance, il ne prêche, par ses paroles comme par ses exemples, que le détachement des biens de ce monde, il n’aime que les âmes douces, humbles et indulgentes. Cette lutte d’influence entre Le trône et l’autel, cette réunion des deux pouvoirs spirituel et temporel, dont on a voulu faire remonter la responsabilité jusqu’à l'Évangile, y sont, au contraire, formellement condamnées : Jésus-Christ proclame, en termes exprès,

. que son royaurhe n’est pas de ce monde, il chasse les marchands du temple, il paye le tribut à César, enfin, la veille même de sa Passion, il réprouve l'emploi du glaive temporel pour la défense du royaume de Dieu. S'il parle des puissances de la terre, c’est pour en commander le respect; s’il intervient dans l’exécution des jugements humains, c’est pour faire prévaloir la clémence et sauver la femme adultère; sil permet de s'éloigner du pécheur endurci, c’est après avoir ordonné d’épuiser, envers lui, les instances d’une persuasion fraternelle; il menace des peines éternelles les paroles outrageantes et les sentiments de haine ; pour