Portalis : sa vie, et ses oeuvres

EN EXIL 137 rendre la tolérance facile, il nous rappelle que le Père céleste fait luire indistinctement son soleil sur les bons et sur les méchants ; il se donne lui-même en exemple dans ces paroles simples et sublimes : « Apprenez de » moi que je suis doux et humble de cœur. » C’est par la douceur et l'humilité, inaltérables jusque sur la croix, qu'il assure sa victoire, c’est par elles qu’il promet à ses apôtres la conquête du monde, c’est elles seules qu'il leur recommande d’opposer à la persécution. Aussi, lorsque certains esprits superficiels imputent aux enseignements du Christ les discordes, les persécutions et les guerres religieuses nées de passions terrestres et d'intérêts temporels hypocritement couverts du voile de la religion, on se demande s’il faut plaindre cette ignorance ou gémir de cette mauvaise foi. On ne saurait trop le répéter : si les gouvernements et les sociétés se sont affaiblis et divisés, si le fléau de l’intolérance s’est abattu sur la terre, si un souffle diabolique a pu inspirer aux hommes la pensée de faire de la religion matière à spéculation ou d'imposer la foi par la force, ce n’est pas au nom de l'Évangile et pour l’'Évangile, c’est malgré lui etcontre lui.

Pour s’en convaincre, il n’est besoin ni de longues discussions, ni de science théologique; il suffit de lire l'Évangile. Avec un peu d’attention et de bonne foi, tout homme y verra, dans chaque page, à chaque verset, l'empreinte de la divinité, et il est impossible qu’il n'arrive pas, avec Portalis, à cette conclusion : il y a une religion véritable, seule assez consolante pour combler le vide de nos âmes, seule assez puissante