Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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pour sauvegarder la civilisation moderne : cette religion est le christianisme. Il s’impose à nous par la sublimité de ses dogmes, par la pureté de sa morale, par la simplicité de ses rites, par son antiquité, par les vertus surhumaines de son fondateur, par les merveilles de sa propagation, par la supériorité indiscutable des peuples qui le pratiquent et par la décadence rapide de ceux qui le renient.

Nécessaire à tous, la religion l’est surtout aux fortes intelligences et aux grands peuples. Ceux qui l’abandonnent ou la rejettent sont punis par leurs écarts mêmes, et, plus ils sont élevés sur la terre, plus leur chute est profonde. Dans la dernière moitié du xvirr° siècle, la France en a donné à toutes les nations le déplorable exemple. Jamais aucun peuple, tombant d’un aussi haut degré de civilisation, n’avait effrayé le monde par un retour plus rapide et plus complet à la barbarie. Le tableau de cette funeste époque termine l'œuvre de Portalis; mais, avant de letracer, il rappelle brièvement la naissance et les progrès des sciences sociales dans l'Europe moderne, il indique les principales doctrines des deux écoles rivales qui se sont partagé le xvure siècle, exaltant l'Esprit des lois et réfutant le Contrat social; enfin, il résume, en quelques pages, l'histoire de la philosophie moderne dans ses rapports avec la politique.

Les philosophes des derniers siècles n’ont fait bien souvent que reproduire, sous ane forme nouvelle, les systèmes professés dans les écoles de l'antiquité ; mais si, dans leur doctrine, ils ne sont, en général, que