Portalis : sa vie, et ses oeuvres

EN EXIL . 167

à la suite de Portalis, dans l’examen de ces questions, d’obseurcir la pensée dominante de son œuvre et d’en affaiblir l’enchaïînement logique. Nous avons préféré nous borner à étudier avec lui ces trois problèmes immenses : la nature morale de l’homme, l’existence de Dieu, la constitution des sociétés. Sur ces questions qui sont, à vrai dire, toute la philosophie, sa controverse est modérée, ses observations sont fines et profondes, ses jugements impartiaux. On peut relever, il est vrai, des redites, des longueurs, et regretter, dans l’ordre des chapitres, une certaine confusion, que l’auteur eût fait certainement disparaître, s’il avait présidé lui-même à la publication de son œuvre; son style, toujours clair, abondant et correct, souvent ingénieux et brillant, laisse parfois à désirer plus de brièveté, de relief et d'originalité.

Ces imperfections de détail tiennent, du reste, au caractère général du livre, à l’immensité du plan, qui en fait à fa fois le mérite et le défaut. La variété, sans doute, a son charme, et l’écrivain qui cherche à suivre, dans ses manifestations les plus diverses, le travail de l'esprit humain, prouve, par là même, qu'il en comprend l’harmonieuse unité; mais la multiplicité des détails nuit presque toujours à la régularité de l’ensemble, et, en voulant toucher à tout, on risque de ne rien approfondir. D’un autre côté, en mélant aux discussions philosophiques ou aux controverses religieuses les considérations politiques, en rapprochant ainsi ce qui est passager de ce qui est immuable, on s'expose à introduire les passions de parti dans la sphère de la