Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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secrètement pris naissance et qui grandissent en face des persécutions incrédules et des orgies de Louis XV. A côté de tels exemples, l'influence des théories scientifiques ne pouvait être que bien faible, à supposer même qu’elle s’exerçàt uniquement dans le sens du matérialisme. Or, comment admettre cette supposition, si l’on considère, d’une part, la nature de la science, et, de l’autre, le puissant appui qu'elle a souvent donné aux systèmes les plus élevés, aux plus nobles doctrines? Les conclusions téméraires ou systématiques d’une science superficielle peuvent seules présenter quelque danger pour les esprits et pour les cœurs; l’étude patiente de la nature révèle, au contraire, de toutes parts, la suprématie de l'intelligence sur la matière. D'illustres exemples prouvent que, selon la devise de Bacon reprise par Biot, « si peu de science » éloigne de l'esprit et de Dieu, beaucoup de science y » ramène; » et, quelque absolues que soient sur ceite question Les affirmations de Portalis, nous croyons que les progrès des sciences ne sont un danger ni pour la vraie philosophie, ni pour la vraie religion.

A ce point de vue même, nous serions tentés de généraliser davantage la critique adressée à Portalis, et de lui reprocher, dans l’ensemble de ses jugements, un peu trop de sévérité pour le xvin* siècle. Un autre écrivain, qui lui ressemble par l'élévation des idées et du caractère, M. de Barante, a, lui aussi, au début d’une carrière qui devait être si longue, si honorable, si remplie, essayé d’apprécier le caractère général et les résultats définitifs de la philosophie du xvin* siè-