Portalis : sa vie, et ses oeuvres
L AVOCAT 1 ficile de l’impartialité. Partout où il rencontrait un abus, il l’attaquait vigoureusement, en respectant les personnes, au risque de se trouver isolé entre deux partis extrêmes. Ainsi, malgré l’ardeur de sa foi reli-
gieuse, il n’hésitait pas à maintenir fermement les droits de l'État vis-à-vis de l’Église, et son aversion marquée pour les doctrines irréligieuses de la philosophie du xvin* siècle ne l’empêchait pas de la seconder dans ses brillantes et légitimes attaques contre l’intolérance.
Sa Consultation sur la validité des mariages protestants fut, à ce point de vue, un véritable acte de courage!. L'esprit de persécution qui dicta la révoca-
1. Nous ne ferons que mentionner sommairement un petit éerit de Portalis publié en 1765 etintitulé : Principes sur la distinciion des deux puissances spirituelle et temporelle. Ce opuseule de circonstance se raltache à l’histoire des querelles théologiques qui suivirent l'expulsion des Jésuites et faillirent, un moment, jeter la France
. dans le schisme. Portalis y pose la question plutôt qu’il ne la ré-
’sout; il se. borne à résumer, en quelques pages et sans discussion, les principes gallicans sur les limites respectives de l'autorité de l'Église et de la puissance de l'État. Un grand esprit de concorde anime, d’un bout à l’autre, l'essai du jeune polémiste. Il faut remarquer aussi avec quelle énergie il affirme la possibilité et la nécessité de l'union entre l'État et l’Église. Cette conviction, qui fut celle de toute sa vie et qui inspira le Concordat, se manifeste dans le passage suivant : « L’une et l’autre (l'Église et l'autorité laïque) » dérivant du même principe (Dieu), ne sauraient être opposées, » quoiqu'indépendantes. Leur union résulte de la différence de » leurs objets. L'une est établie pour faire régner la justice et la » vérité dans les cœurs, l’autre pour conserver l'ordre et la tran» quillité dans l'État. » (Page 1).
La tentative conciliante de Portalis n’eut pas le succès qu'il en devait attendre. Les opinions gallicanes qu'il exprimaitl’exposèrent