Portalis : sa vie, et ses oeuvres

LE CODE CIVIL 184

la Vendée frémissante, le Directoire tombait sous le poids du mépris universel, et le général Bonaparte, revenant subitement d'Égypte, s’emparait du pouvoir, le 18 brumaire. La France, qui venait de trouver en lui son libérateur et son maître, l’acclamait avecenthousiasme, et, ratifiant le coup d’État par le vote populaire, lui conférait l’autorité suprême, avec le titre de Premier Consul.

À la voix de Bonaparte, la nation sembla renaître. Sur les débris de l’ancien régime, sur les ruines de la Révolution, on vit se former une jeune et vigoureuse société ; une ère nouvelle s’ouvrit. Les armées ennemies s’arrêtaient hésitantes, la Vendée posait les armes, les bandes de pillards et d’assassins cessaient d’infester les campagnes, l’ordre s’introduisait dans les finances, l’agiotage et la routine étaient chassés de l’administration. Chaque jour, le Moniteur publiait des listes d’exilés auxquels la sagesse du gouvernement rouvrait les frontières ; les liens du sang et de l’amitié se resserraient, la famille se reconstituait, pour ainsi dire, en même temps que la société; la joie était partout et le siècle nouveau voyait s’ouvrir devant lui des perspectives infinies de paix, de grandeur et de prospérité. Moment unique dans notre histoire! Années bénies dont le seul souvenir nous ravit encore et efface les fautes commises plus tard par Napoléon! Qui donc, à cette époque, aurait pu prévoir les funestes entraînements auxquels le conduirait l’exercice prolongé du pouvoir absolu? Qui donc, au lendemain des scènes de violence qui, depuis 1792, souillaient la Révolution,