Portalis : sa vie, et ses oeuvres

LE CODE CIVIL 187

néfastes ou glorieuses de la Révolution, et qui, échappée à la tempête, pleine de science et d'expérience, joignait au long usage des assemblées délibérantes le don de la parole et l'intelligence des besoins des sociétés modernes. Pour avoir une idée exacte de la grande époque du Consulat, il faut voir à l’œuvre ce conseil unique dans l’histoire; il faut, en étudiant les procès-verbaux de ses séances, assister, par la pensée, aux discussions graves, profondes et lumineuses où se préparait la législation de la France; il faut entendre la vive et fine parole de Regnault de Saint-Jean d’Angély, l'argumentation sévère et vigoureuse de Malleville, la logique inflexible de Bigot-Préameneu, les savantes observations de Treilhard; il faut suivre ces débats dirigés par le bon senset le tact de Cambacérès, éclairés par la science de Tronchet, dominés par le génie du Premier Consul.

Portalis avait sa place marquée d'avance au Conseil d’État. Il y retrouvait, plusieurs des collègues et des amis qui avaient partagé, au Conseil des Anciens, ses travaux et sa proscription. Il revenait siéger parmi eux et à leur tête, non plus courageux champion d’une minorité opprimée, mais ferme et intelligent soutien d’un pouvoir réparateur. Pour le salut de la France, l’événement lui avait donné gain de cause, et, au lieu d’être réduit à disputer pied à pied le terrain légal à un gouvernement sans scrupules, il allait entreprendre une œuvre plus féconde et plus grande : la reconstitution de la société civile.

Nulle question plus élevée ne peut être soumise aux