Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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niques, des considérations où l’on ne reconnaît ni la simplicité habituelle de son style, ni la finesse ordinaire de son goût : il y est parlé, avec une certaine emphase, de la superstition, du fanatisme bannis par les sciences, et le Premier Consul est qualifié de « héros plulosophe, » jugement d’une vérité au moins contestable et auquel Bonaparte lui-même n’eût probablement pas souscrit.

En résumé, le rapport au Conseil d'État est la plus faible des œuvres de Portalis. Il en est autrement de l’admirable exposé qu’il lut au Corps législatif, en lui présentant le Concordat. Il se sentait alors sur un terrain moinsincertain. Le Premier Consul, irrité du rejet du Titre préliminaire du Code Civil, venait de faire épurer par le Sénat le Tribunat et le Corps législatif. Des hommes dévoués au gouvernement consulaire et favorables aux lois proposées avaient remplacé les membres exclus ; cependant, la majorité n’en était pas moins hostile au Concordat; elle s’inclinait devant la volonté du Premier Consul, mais elle ne dissimulait pas son-mécontentement.

Ce fut devant une assemblée ainsi disposée que Portalis prit la parole, le 5 avril 180%, et prononça son chef-d'œuvre, le discours sur l’organisation des cultes. Il y aborde la question religieuse dans toute sa grandeur. Après un rapide exposé des faits qui avaient amené le gouvernement consulaire à se préoccuper de l’état des cultes en France, il examine tout d’abord « si la religion en général est nécessaire aux corps » de nation; si elle est nécessaire aux hommes 2»