Portalis : sa vie, et ses oeuvres

LE CONCORDAT 273

Il résout cette question capitale à l’aide du bon sens et de l'expérience universelle. S'il est, en effet, un point sur lequel l’esprit humain n’ait pas varié, c’est assurément sur l’absolue nécessité du règne de la loi, et sur l'existence d’un lien logique entre la loi positive et la loi morale, entre la loi morale et la religion. Depuis Platon jusqu’à Bossuet, philosophes et politiques ont reconnu que la loi, en dehors de laquelle il n’y a pas de salut pour les sociétés, tire sa force et son autorité de son accord avec les grandes règles morales que nous portons écrites au fond de l’âme, et que celles-ci, à leur tour, ne sauraient ni obtenir le respect sans une sanction, ni trouver de sanction en dehors des dogmes religieux. On est donc en droit de dire que l’idée de Dieu est la base et le lien des sociétés, qu'après avoir présidé à leur constitution, elle assure leur conservation, et qu'on ne saurait l’attaquer, sans ébranler, du même coup, les assises de l’édifice social.

« Quels que soient nos avantages, dit Portalis, quel » que soit le perfectionnement de notre espèce, les bons esprits sont forcés de convenir qu'aucune société ne pourrait subsister sans morale, et que l’on ne peut encore se passer de magistrats et de » lois. » Or, l’utilité ou la nécessité de la religion ne dérive-t-elle pas de la nécessité même d’avoir une mo» rale? L’idée d’un Dieu législateur n’est-elle pas aussi essentielle au monde intelligent que l’est au monde physique celle d’un Dieu créateur et premier moteur de toutes les causes secondes? L’athée, qui ne recon-

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