Portalis : sa vie, et ses oeuvres

27à PORTALIS

naît aucun dessein dans l’univers, et qui semble » n’user de son intelligence que pour tout abandonner » à une fatalité aveugle, peut-il utilement prêcher la » règle des mœurs en desséchant par ses désolantes opinions la source de toute moralité ?.…

« La morale sans préceptes positifs laisserait la raison sans règle ; la morale sans dogmes religieux ne » serait qu'une justice sans tribunaux Ÿ. »

La diversité des religions ne porte pas atteinte à ce principe. Toutes, en effet, bien qu'à des degrés différents, proclament, au nom de Dieu, la plupart des grandes lois de la morale naturelle, et toutes en rappellent l'existence par des rites dont l'observation est, non pas l'essence, mais l’auxiliaire de la piété. C'est de leurs dogmes et de leurs cérémonies sacrées que les cultes tirent leur puissance; c’est par eux qu’ils agissent sur le caractère des peuples et leur inculquent les lois de la morale universelle. En vain se flatterait-on d’atteindre le même but à l’aide d’une religion naturelle qui n’aurait sur l’homme d’autre autorité que celle de la raison et qui ne tarderait pas à dégénérer en système philosophique. Après de longues études et de sérieuses méditations, l’homme peut bien arriver, dans le calme de ses passions, à se créer une conviction scientifique sur le mystérieux problème de ses destinées; mais cette conviction, purement métaphysique, est fragile et changeante comme toute opinion hu-

ÿ

%

4. Portalis, Discours, rapports ei travaux inédits sur le Concordat, page 3.