Portalis : sa vie, et ses oeuvres

LE CONCORDAT 275 maine. S’il est vrai qu’elle satisfasse l'esprit, il est bien rare qu’elle suffise au cœur et à l’âme, qu’elle comble le vide de l’un, qu’elle vivifie l’autre ; elle persuade sans dominer , elle conseille sans gouverner, elle ne donne à l’homme pour consolateur, pour guide et pour juge que l’homme lui-même. Il en est autrement de la foi en Dieu : elle assure à tout homme et à toute société la fermeté de principes, l'énergie de convictions et la vigueur de conduite qui sont les signes de la virilité. La véritable puissance en ce monde est l’idée ; c’est elle qui fait les grands horames et les grands peuples, c’est elle qui domine les grands actes de l’histoire, et, parmi les prodiges qu'elle enfante, aucun n’égale ceux qui naissent de la foi religieuse.

« On se trompe, dit Portalis, si, en contemplant la » société humaine, on s’imagine que cette grande ma» chine pourrait aller avec un seul des ressorts qui la » font mouvoir; cette erreur est aussi évidente que » dangereuse. L’homme n’est point un être simple; la » société, qui est l’union des hommes, est nécessaire » ment le plus compliqué de tous les mécanismes. Que » ne pouvons-nous le décomposer ! et nous aperee» vrions bientôt le nombre infini de ressorts imper» ceptibles par lesquels elle subsiste. Une idée reçue, » une habitude, une opinion qui ne se fait plus remarquer a souvent été le principal ciment. de l'édifice. On croit que ce sont les lois qui gouvernent, et partout ce sont les mœurs: les mœurs sont le résultat ‘lent des circonstances, des usages, des institutions. De tout ce qui existe parmi les hommes, il n’y a rien

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