Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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» qui embrasse plus l’homme tout entier que la reli» gion!. »

Il n’est pas de fondateur de société qui n’ait compris cette vérité. Tous ont parlé au nom du ciel, tous ont placé leur peuple sous l’invocation divine. Moïse est législateur parce qu’il est pontife ; Solon inscrit le nom de Dieu au frontispice de ses lois; Rome antique se prosterne au pied de ses autels avant de conquérir l'univers, et, depuis l’avénement du christianisme, c’est à l'ombre de la croix que grandissent les nations. Nos sociétés vieillies laissent s’effacer ces souvenirs de leur berceau ; elles sont trop portées à oublier qu’à leur origine, le culte de la matière était frère de la barbarie, comme il le serait encore de nos jours, si le scepticisme triomphait. Portalis l’affirme en ces termes énergiques :

« Je le dis pour le bien de ma patrie, je le dis pour le bonheur de la génération présente et pour celui des générations à venir, le scepticisme outré, l'esprit d'irréligion transformé en système politique, est plus près de la barbarie qu’on ne pense...

» …… Quandiln’y aura plus de religion, il n’y aura plus ni patrie ni société pour des hommes qui, en » recouvrant leur indépendance, n’auront que la force

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pour en abuser.

» Dans quel moment la grande question de l'utilité » et de la nécessité des institutions religieuses s'est elle trouvée soumise à l'examen du Gouvernement ?

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À. Portalis, Discours, rapports el travaux inédits sur le Concordat, page 12.