Portalis : sa vie, et ses oeuvres

LE CONCORDAT 277

» Dans un moment où l’on vient de conquérir la liberté, » où l’on a effacé toutes les inégalités affligeantes, et » où l’on a modéré la puissance et adouci toutes les » lois. Est-ce dans de telles circonstances qu’il faudrait » abolir et étouffer les sentiments religieux ? C’est sur.» tout dans les États libres que la religion est néces» satire. C’est là, dit Polybe, que, pour n'être pas » obligé de donner un pouvoir dangereux à quelques » hommes, la plus forte crainte doit être celle des » dieux !. »

Après avoir démontré la nécessité d’une religion, Portalis examine brièvement la voie qu’il convient de suivre pour donner satisfaction à ce besoin impérieux de la nation. Il discute, sans s’y attacher plus qu’elle ne le mérite, l'étrange suggestion de certains publicistes qui conseillaient au Premier Consul de se constituer le chef d’une nouvelle religion ; il écarte, en quelques mots, cette proposition dont le ridicule avait déjà fait justice, et il prouve que le christianisme seul, par son antiquité, par ses dogmes, sa morale et sa constitution, peut rétablir en France la paix des âmes.

Il rappelle que l'Évangile a civilisé tous les peuples de l’Europe ; il reconnaît que, sans doute, dans l’accomplissement de sa tâche ‘providentielle, le clergé catholique à souvent commis des fautes; mais il refuse de considérer ce fait comme un argument sérieux contre le christianisme. Les prêtres sont des

1. Portalis, Discours, rapports et travaux inédits sur le Concordat, page 15.