Portalis : sa vie, et ses oeuvres

LE CONCORDAT 283

des protestants et des juifs; puis, résumant les considérations si diverses qu’il vient de présenter, il arrive à cette éloquente conclusion :

« La patrie n’est point un être abstrait.…; la patrie n’est quelque chose de réel qu’autant qu’elle se » compose de toutes les institutions qui peuvent nous , la rendre chère. Il faut que les citoyens l’aiment ; » mais pour cela il faut qu'ils puissent croire en être » AIMÉS....

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» Quel intérêt n’a done pas la patrie à protéger la

» religion, puisque c’est surtout par la religion que » tant d'hommes destinés à porter le poids du jour et de la chaleur peuvent s'attacher à la patrie! » Citoyens législateurs, tous les vrais amis de la » liberté vous béniront de vous être élevés aux grandes » maximes que l'expérience des siècles a consacrées, et » qui ont constamment assuré le bonheur des nations et » la véritable force des empires !. »

Ainsi se termine le rapport de Portalis, œuvre capitale où son talent arrive à son apogée. Déjà, on se le rappelle, il avait énergiquement revendiqué, devant le Conseil des Anciens, le respect de l’antique foi de la France, et cet acte de courage était devenu plus tard l'un des principaux motifs de son exil. En 1802, la même pensée l’inspire; mais, parlant au nom d'un gouvernement puissant et réparateur, il agrandit, il élève le débat; il proclame, pour la première fois depuis la Révolution, V'indispensable nécessité de Pidée

»

A. Portalis, Discours, rapports et travaux inédits sur le Concordat, page 56.