Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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de Dieu au foyer domestique comme au cœur des nations. Jamais, dans une assemblée française, on n'avait abordé avec cette ampleur et cette puissance la grande question religieuse; jamais on ne Pavait entendu iraiter avec autant de profondeur et de sagesse. L'exemple a été suivi depuis, peut-être même dépassé ; mais Portalis n’en conserve pas moins l’honneur d’avoir ouvert, au sein du Corps législatif de 1802, cette liste si longue, si brillante d'hommes d’État et de publicistes qui n’ont cessé de défendre, à la tribune et dans la presse, les intérêts moraux du pays, et qui ont cherché, en toute occasion, à cimenter l'alliance féconde de la religion et de la liberté.

Il n’avait cependant encore accompli qu’une partie de sa tâche. Après avoir victorieusement soutenu la cause du christianisme en face de la société nouvelle issue de 1789, il restait à persuader, à son tour, la cour de Rome et à la réconcilier avec les principes mêmes de cette société. L'entreprise était difficile : 1l fallait lutter contre des préjugés invétérés, réfuter des opinions absolues comme le dogme, désarmer enfin des adversaires passionnés et possédant le détestable talent de faire servir les intérêts religieux à la satisfaction de leurs rancunes politiques. En effet, si, comme on l’a vu, le Concordat fut, en France, de la part des républicains exaltés, l’objet de la plus vive opposition, il ne souleva pas, à Rome, de moindres difficultés. Le cardinal Consalvi avait été

4. Le projet de loi sur le Concordat fut voté par 228 voix contre 21,