Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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en deux grandes propositions basées sur l'Évangile, confirmées par la pratique constante de la primitive Église et acceptées par tous les pontifes romains jusqu'à Grégoire VII. Indépendance absolue du pouvoir temporel vis-à-vis du pouvoir spirituel, primauté spirituelle des conciles œcuméniques : telle est toute la déclaration du clergé.

Le premier de ces principes est dicté par la sagesse et la justice. Il est la sauvegarde de l'Église aussi bien que de l’État, il assure la légitime influence de l’une comme la sécurité de l’autre. En effet, l'autorité le l'Église n’est pas de cette terre. Elle n’y saurait dominer sans s’abaisser, car elle n’en est pas née. Elle vient de plus haut, elle porte ses regards plus haut, et le sceptre est une arme dangereuse entre ses mains consacrées à la prière et à la bénédiction. Est-ce à dire qu’il faille, au gré de certains publicistes, limiter son action à la direction des consciences individuelles, l’emprisonner dans l’étroite enceinte de la vie privée et lui refuser toute influence sur l'existence des nations, toute action sur la conscience politique des souverains et des peuples ? Ce serait une grave erreur. L'Église domine, règne et gouverne; mais ce règne est différent de celui du souverain laïque, ce gouvernement est autre que celui de l'autorité séculière. L'Église règne, en effet; dans le sanctuaire inaccessible de la conscience ; elle a l’empire des idées et le gouvernement des ämes. Incarnation des instincts moraux de l'humanité, elle est placée, par son essence et par la volonté de son divin fondateur, à cette hauteur où toutes les haines des partis poli-