Portalis : sa vie, et ses oeuvres

LH CONCORDAT 287

tiques, tous les antagonismes de race et de nationalité doivent s’effacer et disparaître dans la splendide unité de la justice et de la charité universelles, Le terrible jeu des révolutions et des guerres doit la trouver indulgente sans faiblesse et désintéressée sans indifférence. Il faut qu’elle ignore ou du moins qu’elle oublie toujours jusqu’au nom des partis, mais qu’elle n’ignore et ne déguise jamais ni Le juste ni le vrai. Si elle se mêle au combat des opinions et à la lutte des factions rivales, que ce soit pour imposer à toutes le respect des principes de modération et de loyauté sans lesquels il n’est pas de discussion possible ; si elle s’occupe des rapports des sujets avec leur souverain, que ce soit afin de précher aux uns l’obéissance à la loi, l'amour de leur pays, et de soutenir, contre les empiétements ou les colères de l’autre, les droits inviolables de tout être humain; si elle se montre sur les champs de bataille, qu’elle y paraisse sous les traits d’un pacificateur condamnant, par l’éloquence muette de sa sublime protestation, tout acte de violence, toute agression inique et s’offrant lui-même à la mort pour arrêter l’effusion du sang. Libre ou opprimée, prospère où pauvre, l'Église ne saurait manquer de grandeur tant qu’elle suit cette voie. Dégagée des intérêts passagers et terrestres des gouvernements, insaisissable et incompressible comme l’âme elle-même, elle a le droit d'élever librement sa voix vers Dieu, de l’adresser ensuite aux hommes, et quiconque prétendrait l’entraver préparerait sa propre ruine, car il s’attaquerait à un principe indestructible, à la liberté de conscience qui peut