Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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casser tout acte de l'autorité ecclésiastique qui leur était dénoncé par la voie de l’appel comme d’abus; enfin, le Gouvernement se réservait la faculté d’interdire la publication dans le royaume de toutes les bulles du Saint-Siége et même de tous les décrets des conciles.

La loi du 18 germinal an X reproduisait cet ensemble de règles que la prudence jalouse des Parlemenis avait élevées comme autant de barrières entre l'Église et l'État, et Portalis tenta de démontrer la nécessité de leur maintien dans son rapport au Premier Consul en date du cinquième jour complémentaire de l'an XI (20 septembre 1803). Fidèle à ses habitudes de discussion élevée et logique, il remonte d’abord aux principes qui dominent cette grave matière, et, dans un lumineux exposé, il esquisse à grands traits la théorie des rapports de l’Église et de l'État. Il cherche, dans leur origine, la raison première de leurs droits, la règle de leurs relations réciproques, et, de la priorité de l'existence de l’État, il conclut à son indépendance.

« Avant la révélation et l'institution du sacerdoce, » dit-il, il y avait des gouvernements, et ces gouver, nements étaient légitimes. Les droits de la société » humaine ne reconnaissent d’autres auteurs que l’au» teur même de la nature, créateur et conservateur de » l'ordre social. D’où il suit que le gouvernement civil » est en soi indépendant de quelque autre puissance » que ce soit.

» La révélation et l'institution du sacerdoce n’ont » point altéré les pouvoirs de la société civile, ils n’ont