Portalis : sa vie, et ses oeuvres

LE CONCORDAT 291 » point diminué les droits de l'Empire; car l’Église » n’a reçu aucune puissance directe ou indirecte sur le » temporel des États, ni parmi les nations chrétiennes, » ni parmi celles qui ne le sont pas; son divin fonda» teur a lui-même déclaré que son royaume n’était pas » de ce monde ; il a refusé de prononcer sur une con» testation qui était relative à des intérêts civils ; ila » recommandé l’obéissance aux lois et aux gouverne» ments établis !, »

Ainsi, Portalis prend pour base de son argumentation Le texte des livres saints, la doctrine des Pères de l’Église, interprétée par Fleury; puis, suivant dans l’histoire la trace de cette grande tradition, il rappelle les nombreux exemples de soumission et de désintéressement que l’Église primitive a donnés au monde : il cite tour à tour Tertullien et saint Ambroise, alliant à une invincible ténacité dans la défense de la foi l’obéissance la plus absolue en matière politique; saint Augustin plaçant au nombre des vertus chrétiennes la fidélité des sujets à leurs souverains; Grégoire II désavouant les conquêtes faites, au nom des intérêts religieux, par des princes orthodoxes sur des souverains hérétiques ; toute l'Église enfin continuant à suivre cette voie sans hésitation et sans dissentiment jusqu’au pontificat de Grégoire VII.

Tout change alors dans l'attitude et le langage de l’Église. La Papauté franchit ses limites, envahit le domaine temporel et s'érige en suzeraine de l’univers

4. Portalis, Discours, rapports el travaux inédits sur le Concordat, page 114.