Portalis : sa vie, et ses oeuvres

LE CONCORDAT 295

Telle est la théorie : que sera la pratique? Qui fixera le sens de ces mots si vagues et pourtant si importants à définir : spirituel, temporel ? Il est difficile de répondre en termes suffisamment précis à ces questions; toutefois, il est une règle qui permet presque toujours d’assigner un terme certain à l’action réciproque des souverains et des pontifes. Ce qui distingue, en effet, le pouvoir spirituel, c’est son caractère exclusivement persuasif. Dès qu'il y a coërcition, on entre dans le domaine du souverain temporel. L'Église peut et doit conseiller, discuter, prier surtout, mais CoMmander et dominer, jamais. Elle peut encore moins condamner et punir matériellement. Quelque pernicieuse que soit la propagande anti-religieuse, quelque gêne que l'Église éprouve dans l'exercice public de son culte, quelque attentat que les passions privées ou les haines politiques commettent conire la morale, son bras doit rester désarmé et il est même de son intérêt de ne jamais provoquer l'intervention de la puissance séculière. Sa conscience doit lui suffire.

À la suite de cette longue discussion sur la séparation des deux pouvoirs, Portalis s'engage dans un débat exclusivement théologique au sujet de Pinfaillibilité du Pape. Ce n’est pas ici le lieu d'analyser ni d'apprécier une semblable controverse; il suffit de citer les belles et simples paroles par lesquelles Portalis termine l’exposé de principes que nous venons de résumer :

« La religion, dit-il, doit se conserver et s'étendre » par les mêmes moyens qui l'ont établie. Cest par