Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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étrangères et leur œuvre semble devoir, en conséquence, rester en dehors de la juridiction de l'autorité laïque. Portalis ne nie aucun de ces principes ; il motive, par d'autres considérations, l'intervention de l'Etat : il prouve, à l’aide de l’histoire ecclésiastique, que les conciles déclarés œcuméniques ne l'ont pas toujours été en réalité, que ces synodes déguisés ont donné trop souvent accès aux passions politiques ou délibéré sous la pression d’influences séculières, et il revendique, en conséquence, pour le Gouvernement, le droit d'examiner les conditions dans lesquelles ont eu lieu les délibérations des conciles, avant d'autoriser la publication de leurs décisions. Il regarde cette intervention comme une pure formalité, comme une simple précaution, et il refuse d'y voir, en aucun cas, une atteinte à l'indépendance des consciences ou une entrave aux libres communications de l’Église avec ses membres. Sur la question des appels comme d’abus, il n’est pas moins affirmatif. Il prouve, en parcourant toute l’'histoire de l’ancienne monarchie, qu’il appartient à l'État, par cela seul qu’il existe, de réprimer les infractions aux lois dont il est le gardien et d’en rappeler le respect aux prêtres qui l’oublieraient, par une peine purement morale, qui tient plus de l'avertissement que du châtiment. Il ajoute qu’en indiquant sommairement les principaux cas d’abus, la loi fait tout ce qu'il lui est possible de faire, et qu’on ne saurait demander sans injustice à l’État d’enchainer lui-même sa liberté d'action par une indication limitative des circons-