Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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restreignent par les obstacles apportés à la publication des décrets des conciles et par l’étendue à peu près indéfinie des cas d’abus. Les principes gallicans auxquels ces règles sont empruntées étaient l’œuvre de laïques et le fruit d’une époque de lutte où l'État, encore faible, se. trouvait menacé dans son existence par les envahissements d'une Église toute-puissante investie de pouvoirs politiques. 1l était superflu, sinon nuisible, de reproduire, sous le Consulat, des dispositions d’un caractère aussi exceptionnel, et il est sage aujourd’hui de laisser sommeiller, avec tant d’autres lois tombées en désuétude, ces deux articles qui pourraient amener des dissidences fâcheuses et qui ne sauraient, du reste, en ce siècle de publicité, prévenir ou arrêter aucune publication ecclésiastique.

Le Saint-Siége comprit sans doute, dès 1802, que le gouvernement français avait entre les mains une arme plus dangereuse qu'utile; car, malgré ce qu’elle aurait pu répondre à l’argumentation de Portalis, la cour de Rome préféra garder le silence. L’esprit-de justice qui inspirait généralement le savant et remarquable rapport de Portalis, le ton modéré dans lequel il était concu, la rassuraient sur les conséquences des articles organiques, et, sans y adhérer, elle jugea inutile d’insister davantage pour leur abrogation. Le cœur évangélique de Pie VIT répugnait, d’ailleurs, à la prolongation d’une discussion qui retardait les bienfaits de la restauration religieuse en France, et il s’efforçait de faire succéder à de stériles controverses l'étude des mesures pratiques les plus propres à faciliter la réor-