Portalis : sa vie, et ses oeuvres

LE CONCORDAT 303 c’est-à-dire le besoin de religion : il doit donc respecter et protéger les cultes, tant qu'ils ne compromettent ni la sécurité publique, ni l'intérêt social dont il est le protecteur; il a le droit de réprimer les envahissements de ces cultes, dès qu’ils franchissent les limites de leur domaine purement spirituel et de régler, avec une entière indépendance, toutes les questions qui n'intéressent directement ni la sincérité des croyances, ni la liberté des consciences.

En face des droits et des devoirs del’État, quels sont les droits et les devoirs de l’Église? L'Église, nous l'avons dit, est appelée à transformer, à perfectionner, autant que possible, la nature humaine, sans jamais la mutiler. Ilne lui appartient donc pas de supprimer l'instinct si vivace de la sociabilité, qui a successivement enfanté la commune, la cité, l'État; elle doit le respecter et en respecter les œuvres; elle doit faire des croyants et les laisser, avant tout, citoyens : c’est à cette condition seulement qu’elle peut être puissante et honorée. En se montrant soucieuse des prérogatives d'autrui, elle assure les siennes et elle garde le droit de réclamer avec justice, dès que le pouvoir civil porte atteinte à sa juridiction spirituelle ou à son autorité dogmatique.

Ainsi, respect réciproque dans leurs voies diverses, mais parallèles : telle est, brièvement résumée, la théorie des rapports de l’Église et de l'État. Comme l’âme et le corps dans la personne humaine, ils sont, dans les sociétés, réunis et distincts, séparés et coexistants; ef, de même que, chez l'homme, le signe de la mort phy-