Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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sique ou de la mort morale est la destruction de l’un des deux principes matériel ou immatériel par l’autre, de même une nation qui laisse absorber l'État par l'Église ou l’Église par l’État ne peut manquer de s’éteindre dans l’engourdissement de la théocratie ou dans les convulsions de l’anarchie.

Or, comment maintenir l’union et l’équilibre entre les deux principes vitaux des sociétés? Comment assurer, à tous les instants de leur coexistence, le libre exercice de leurs droits? Et, pour continuer la comparaison, si l'homme composé d’une àme et d’un corps peut à peine empêcher cet envahissement de l’âme par le corps qui s'appelle le matérialisme, ou cet anéantissement du corps par l'âme qui s'appelle le mysticisme, comment prévenir, entre l'État et l’Église, dans les manifestations extérieures de leur puissance, les dissentiments et les conflits? Suffira-t-il de proclamer P Église libre dans l'État libre? Ne nous y trompons pas : ce principe pompeux mais vide, ce n’est pas l’indépendance et la paix, c’est le divorce et la guerre. L'Église et l’État proclamés libres tous deux, où sera la limite de ces deux libertésrivales? qui la fixera? qui la fera respecter? Et, si aucune règle n'est tracée, si aucune borne n’est posée, combien de temps pourrat-il s’écouler avant qu’une guerre irréconciliable éclate entre les deux pouvoirs? L'histoire répond à cette question : chaque fois que la tiare et la couronne se sont trouvées en présence l’une de l’autre, dans la plénitude de leur puissance et de leur liberté, une lutte fatale a ébranlé les États et troublé les consciences. Elle a, sui-