Portalis : sa vie, et ses oeuvres

352 PORTALIS

la direction de ses recherches; il croit, au contraire, que « la liberté est, en général, le principe créateur

»

»

de toutes les pensées utiles, de toutes les grandes conceptions!; » il demande, en conséquence, que

l'État ne commette jamais la faute de vouloir gouverner la science ou réglementer la pensée; mais, « il

»

»

n’est point de liberté sans limites, ajoute-t-il : l’homme qui renferme dans le secret de son âme ses sentiments et ses opinions, n’en est comptable qu’à lui-même; s’il les publie, il en devient comptable à la société. L'indépendance naturelle de chaque individu finit où l’intérêt de tous commence.

» Loin de moi la pensée de ramener ces temps d’ignorance et de servitude, où les gouvernements se mêlaient des questions les plus indifférentes et les plus contentieuses de la métaphysique, où un simple système d’astronomie devenait l’objet d’une ordonnance, et où chaque controverse était traitée comme une affaire d'État. Une surveillance excessive serait encore plus ridicule, peut-être, que tyrannique : les droits de la raison doivent être sagement combinés avec ceux de la puissance.

» Gardons-nous de comprimer les efforts du génie, quand il s’élance avec une noble et sainte hardiesse vers tout ce qui est beau, vers tout ce qui est grand, vers tout ce qui est utile. Laissons-le, soutenu par son activité, et fier de son indépendance, s’agiter en tous sens dans le vaste territoire des sciences qui

1. Portalis, Éloge du président Séguier, page 46.