Portalis : sa vie, et ses oeuvres

SES DERNIÈRES ANNÉES 353 » nous onf, pour ainsi dire, mis en possession de la » terre que nous habitons, et l'ont rendue plus propre » à être notre demeure; des sciences dans lesquelles » les découvertes naissent des découvertes, et qui constituent l’homme le véritable roi de la nature... » Mais en morale et en politique, le magistrat est » forcé d'intervenir, pour la société, dans des discussions qui ont tant d'influence sur les mœurs, sur les » actions et sur la conduite des citoyens. L'autorité ne » peut demeurer indifférente à des choses dans lesquelles les fausses doctrines ne sont pas simplement des erreurs, mais des dangers !. » Il y aurait beaucoup à dire sur ce système. On pourrait demander si l’intervention de l’État présente, en réalité, toute l’utilité que lui attribue Portalis, si elle est vraiment efficace et si elle n’a pas plutôt pour effet d'accroître le crédit des doctrines condamnées, en attirant sur elles l’attention publique et en leur donnant le prestige qui s'attache aux opinions persécutées. Pour l’honneur de l’esprit humain, les convictions philosophiques seront éternellement rebelles aux mesures coërcitives, et la répression la plus sévère des désolantes théories de l’athéisme et du matérialisme ne vaudra jamais une bonne réfutation. Il appartient aux croyances spiritualistes et religieuses de se défendre . elles-mêmes; plus elles ont foi dans leur propre puissance, plus elles doivent être jalouses de soutenir seules la lutte contre l’erreur, plus elles doivent se garder

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À. Portalis, Éloge du président Séguier, pages 46 à 48. 23