Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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SES DERNIÈRES ANNÉES 385 de matérialistes et d’athées, qui aspirerait à mettre son langage en harmonie avec ses systèmes ? Quelle pourrait être la littérature de ce peuple rendu étranger à toutes les idées qui impriment le sentiment du sublime et du beau, à toutes celles qui agissent fortement sur l’imagination ou qui donnent un doux ébranlement à l’âme?.…..

» .… Enfin, dans l'hypothèse du matérialiste et de l’athée, que deviendraient les sociétés et les gouvernements? Comment se promettrait-on de former le citoyen avec des opinions qui dégradent l’homme? On sentirait le besoin d’avoir des mœurs, et on ne croirait point à la morale; les crimes seraient punis

_ par les lois, et les coupables seraient absous par la

doctrine ; on recommanderait la vertu à des êtres à qui l’on refuserait la liberté de choisir entre une passion et un principe, entre un penchant et un devoir ; les institutions seraient sans cesse démenties par la croyance ; on serait forcé de se montrer inconséquent, pour travailler à se rendre moins malheureux !... »

Cet éloquent discours, lu à l’Académie par M. de

Fontanes et embelli de toutes les grâces de sa merveilleuse diction, obtint un éclatant succès. Portalis le fit imprimer, et il arriva promptement à sa seconde

édition.

Ce fut sa dernière œuvre littéraire, Sa réception à

l’Académie avait eu lieu le 2 janvier 1806; dans le

4. Portalis, Éloge du président Séguier, pages 49 à 2