Portalis : sa vie, et ses oeuvres

AU CONSEIL DES ANCIENS 77 ils voyaient approcher, avec'un mélange d’inquiétude et de colère, le printemps de 1797, époque fixée pour le renouvellement du second tiers des députés. Tous les partis s’agitaient en vue de la lutte, et le mouvement s’annonçait partout comme profondément hostile au Directoire. Gouvernement sans moralité, il s'était ahéné tous les honnêtes gens ; pouvoir faible et indécis, il n'avait su ni réduire les royalistes à l'inaction, ni calmer les rancures des jacobins. La France, trop souvent inquiète dès qu’elle cesse de sentir la main qui la guide, commençait à manifester son mécontentement de la manière la moins équivoque. Elle inclinait vers la réaction, et la pensée d’une restauration monarchique faisait des progrès dans les esprits. Le club de Clichy ne se donnait plus la peine de dissimuler ses tendances bourbonniennes. D'un autre côté, les ultra-républicains, déconcertés un instant, mais non découragés par l’exécution de Babeuf, devenaient plus exaltés à mesure que leur nombre diminuait, et prétendaient, comme toujours, assurer, par la force, le règne de la liberté. Entre ces deux extrêmes, et à travers le luxe, les plaisirs et les fêtes, on marchait étourdiment à une catastrophe !.

1. Les comédies de salon, les proverbes, les charades datent de cette épique. Nous n’en cilerons qu’un exemple, qui intéresse Portalis. « Dans les maisons particulières, dit un spirituel écrivain >» du temps, le soir amenait toujours de nouveaux jeux, de nou» veaux caprices dela gaité. Ce fut là l’origine des proverbes im» provisés, des charades en action, et des fables de La Fontaine » drarnalisées, où chacun reproduisait de son mieux l'esprit des » bêtes de La Fontaine. Il n’y avait point de gravilé qui püt tenir » aux caprices impérieux des dames. Voyait-on un diplomate, on » en faisait un renard ; un homme de loi, un corbeau; un four-