Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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Il était temps, pour les constitutionnels, de s’organiser fortement et d'affirmer, en face des exagérations de leurs adversaires, leurs principes de modération, de justice et de vraie liberté. Leurs chefs, réunis chez Gilbert-Desmolières où chez Barbé-Marbois, commencçaient à élargir le cercle que l’amitié seule ‘avait formé à l’origine, et les résolutions prises dans leurs réunions exerçaient sur l'esprit public une action de plus en plus décisive. Les membres les moins exaltés du club de Clichy venaient s'y concerter avec les constitutionnels, au risque d'établir, entre les deux partis, une solidarité apparente qui compromit plus tard les modérés ; plusieurs candidats aux futures élections y cherchaient un appui ; enfin des écrivains célèbres se constituaient d'office, dans la presse, les champions du nouveau parti : c’étaient MM. de Fontanes, Lacretelle, Suard, que leurs talents littéraires et leur esprit sagement libéral rendaient sympathiques à Portalis et à ses amis.

Ainsi organisée, la fraction modérée des conseils attendait avec confiance les élections et cherchait, par de fréquentes démonstrations, à maintenir les électeurs dans la bonne voie. Portalis monta souvent à la tribune pour définir l'attitude et les vœux de son parti. Il lui servit notamment d’organe dans la discussion de

» nisseur était transformé en milan. Je me souviens d’avoir vu » jouer chez Mme de Monville, la: Mouche et le: Gocke, avec un » grand succès; parmi les six forts chevaux qui traînaient le » coche, c’est-à-dire une voiture d'enfant, figuraient l’éloquent » Portalis, et Barbé-Marbois, le Gatun de nos jours. » (Lacretelle, Dix années d'épreuves, page 282.)