Portalis : sa vie, et ses oeuvres

86 PORTALIS

La constitution de l’an III avait proclamé, en termes absolus, la liberté de penser et d’écrire; mais on avait été bientôt amené à reconnaître que la presse, comme toute chose ici-bas, a besoin de règle, et que, pour elle, ainsi que pour les autres institutions sociales, la liberté illimitée est la pire ennemie dela liberté réelle. La polémique des journaux était devenue une perpétuelle insulte au pouvoir, un appel continuel à la guerre civile. Les uns conseillaient, en termes transparents, une réaction royaliste ; les autres préchaient ouvertement l'anarchie, et, quand la politique cessait de les alimenter, ils recouraient sans scrupule à la diffamation la plus audacieuse. Cet agent infatigable de dissolution, ce fléau public appelait l'attention du législateur. Daunou proposa au Conseil des Cinq-Cents trois projets de loi : l’un édictait contre la calomnie des peines sévères ; l’autre créait un journal officiel pour la reproduction des débats législatifs; le troisième défendait d’annoncer les journaux dans les rues autrement que par leurs titres. De ces divers projets, le dernier fut seul adopté ; le second échoua au Conseil des Anciens, à la suite d’une vive discussion; le premier ne fut même pas voté par les Cinq-Cents.

Siméon reprit, en l’améliorant, l’œuvre de Daunou et fit voter par le Conseil des Cinq-Cents une résolution contre les délits de presse. Ge projet de loi reconnais-

solution, d’après lequel tout électeur était tenu de prêter serment de haine à la royauté. Le projet fut adoplé à une majorité de vingt voix, «près une vive discussion,