Portalis : sa vie, et ses oeuvres

AU CONSEIL DES ANCIENS | 91

, courir aux lois par vos suffrages; vous qui êtes véri, tablement faits pour préparer nos travaux et en par» tager la gloire ; vous, enfin, qui semez journellement , dans la société des maximes salutaires, des idées » heureuses, des instructions et des plans dignes de la » patrie et des meilleurs siècles. Mais souvenez-vous, » dans la carrière périlleuse que vous parcourez, que, » si jamais vous abandonniez la grande pensée du » bien publie pour vouslivrer à des affections ou à des » haines particulières, vous immoleriez la patrie au » lieu de la servir; souvenez-vous qu'étrangers aux » factions, vous ne devez vousarmer que pour lescom» battre; souvenez-vous que l'esprit de parti rétrécit » l'âme, et que l'esprit d’injure dégrade le talent. » Souvenez-vous qu'il y a autant de lâcheté et de » faiblesse à blâmer toujours l'autorité, qu'il peut y » en avoir à l’encenser toujours, et que les flatteurs » d’un public inquiet et malin sont aussi vils et dan» gereux que les flatteurs des cours les plus corrom» pues. Vous exercez la plus indépendante de toutes » les magistratures ; mais ce n’est que par voire con» duite sage et modérée que vous pouvez justifier votre » mission. On n’est grand que quand on est utile. Il » faut être libre avec les lois, jamais contre elles”. » Ces belles paroles, par lesquelles finissait Le rapport de Portalis, obtinrent le même succès que l’éloquente péroraison de son discours en faveur des prêtres réfractaires : le Conseil des Anciens éclata en applaudis-

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1, Moniteur de l'an V, tome If, page 910. Séance du 10 floréal,